Le reportage du quotidien britannique The Independent est effarant. La journaliste Terri Judd a visité la prison moyenâgeuse de Lashkar Gah,dans le sud de l'Afghanistan. Elle y a rencontré un grand nombre de femmes cachées dans leur burqa bleu ciel. La plupart d'entre-elles n'ont ni tué, ni volé, ni arnaqué. Non, la plupart de ces femmes,
souvent extrêmement jeunes, sont coupables d'avoir eu des relations sexuelles 'illégales'. Et pour la majorité de ces femmes, des relations sexuelles illégales signifient qu'elles ont été violées. Pour cela, elles encourent jusqu'à 20 ans de prison.
"En Afghanistan, la relation sexuelle hors mariage est un crime, que cette relation soit forcée ou non, parce que les règles islamiques disent que ça l'est" justifie le colonel Ghulam Ali, un haut responsable régional de la sécurité qui appuie la loi en vigueur. "Je pense que c'est une bonne chose. Il y a beaucoup de maladies qui peuvent se propager dans notre monde d'aujourd'hui, comme le SIDA, à travers des relations sexuelles illégales.
Cette loi est la principale cause d'emprisonnement des femmes à Lashkar Gah. Celles-ci sont parfois très jeunes. Comme Saliha, 15 ans, mariée de force quand elle était enfant et qui s'est échappée avec un jeune adolescent de son village. Rattrapée, elle a pris 7 ans de prison pour fuite et relation sexuelle illégale.
En Afghanistan, 60% des mariages sont forcés, malgré les lois interdisant désormais cette pratique, 57% des épouses ont moins de 16 ans.
Nombreuses sont celles qui sont offertes en guise règlement entre familles suite à un crime ou à des dettes.
De nombreuses femmes cherchent à changer les choses. Une shura (un Conseil) composée de 20 femmes influentes, pour la plupart enseignantes, a été formée dans la province de Helmand. Objectif: combattre l'injustice criante qui considère les femmes violées comme des criminelles plutôt que des victimes. Mais aussi faire prendre conscience aux femmes qu'elles ne peuvent plus tolérer les abus qu'un grand nombre d'entre-elles endurent de leur mari.